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Revue n° 42-43, 2002

Science, religion et développement : quelques éléments de réflexion

Note de la rédaction : l’article ci-après est fondé sur une étude portant le même titre réalisée par l’Institut d’études sur la prospérité dans le monde, crée par la Communauté internationale bahá’íe. L’intégralité du texte anglais se trouve sur le site www.onecountry.com

Depuis plusieurs décennies, les spécialistes du développement ont peu à peu pris conscience que le développement économique et social reposait sur de nombreux facteurs étroitement liés et qu’il convenait de répondre à des questions complexes concernant la nature humaine.

La plupart du temps, les activités de développement international feignent d’ignorer que la grande majorité des gens ne se considèrent pas simplement comme des êtres matériels répondant à des exigences et à des conditions d’ordre matériel, mais plutôt comme des êtres moraux pour qui la spiritualité est importante. Il convient donc d’élargir les critères essentiellement économiques et matériels sur lesquels reposent les activités de développement aux aspirations spirituelles qui animent la nature humaine. La civilisation elle-même n’est pas uniquement le résultat du progrès matériel, mais elle se définit plutôt par les idéaux et les croyances communes qui en sont le ciment. Le caractère unique de l’expérience humaine est l’élément transcendantal du moi. C’est cette dimension de l’existence qui enrichit, anoblit et guide les hommes. Elle libère les capacités créatrices du fond de la conscience et préserve à l’homme sa dignité.

S’il convient de faire preuve de pragmatisme dans l’approche du développement, c’est en allant à la racine de la motivation humaine que l’on trouvera l’élan nécessaire pour garantir un vrai progrès social. Lorsque les principes spirituels sont pleinement intégrés dans les activités de développement, les idées, les réflexions et les actions concrètes qu’ils inspirent sont de nature à préserver l’autonomie des individus et leur honneur, sans les habituer à rester dépendants ; ainsi pourra-t-on éliminer progressivement les inégalités criantes. Une approche du développement qui tient compte des impératifs moraux et spirituels aura plus de chances d’entraîner des changements durables du comportement individuel et collectif.

Le processus de développement vise à transformer aussi bien les individus que les structures sociales. La création de conditions de vie à la fois pacifiques et progressistes nécessite une remise en question générale qui n’est possible que par le changement du cœur humain. Pour être efficace, l’activité de développement doit donc s’intéresser directement à la vie intérieure des êtres humains et à l’organisation de la société. Son objectif doit être de promouvoir un processus de transformation de la société qui suscite la coopération, la compassion, la droiture et la justice - transformation qui touche à chaque aspect des relations qui régissent l’activité des hommes.

Le fait de reconnaître qu’il existe un lien vital entre les aspects spirituels et matériels de la vie nous entraîne immanquablement à redéfinir le bien-être et les moyens par lesquels nous pouvons l’atteindre. Cela met en évidence la nécessité d’explorer systématiquement le rôle de la science et de la religion dans le processus du développement.

Il convient tout d’abord de comprendre leurs fonctions essentielles dans la société. De tous temps, la civilisation s’est appuyée sur la science et la religion, qui sont les principaux systèmes de connaissance à avoir guidé son développement et orienté ses facultés intellectuelles et morales. La méthode scientifique a permis à l’humanité de construire une conception cohérente des lois et des processus qui régissent la réalité physique et, dans une certaine mesure, l’organisation de la société elle-même. La religion a permis de comprendre les questions plus profondes du sens de la vie.

On a souvent considéré que la science et la religion étaient, par nature, opposées, voire incompatibles. Il est évident que la religion s’est souvent laissée enfermer dans le dogmatisme, la superstition et le sectarisme théologique. Le Siècle des Lumières a marqué un tournant décisif en ce sens qu’il a libéré la conscience des chaînes de l’orthodoxie et du fanatisme religieux. Or, en rejetant la religion, le Siècle des Lumières a aussi rejeté la ligne morale qu’elle nous impose, créant une dichotomie profonde entre le rationnel et le sacré. Cette opposition artificielle entre la raison et la foi se manifeste dans le scepticisme, l’aliénation et le matérialisme destructeur qui envahissent la vie moderne.

Pour la majorité des êtres humains, la dimension spirituelle de l’homme va de soi et trouve son expression dans toutes les sphères de la vie. L’élan vers la spiritualité qu’inspirent les religions a été le principal moteur de la civilisation. A travers les enseignements de la religion, de nombreuses couches de la société ont appris à se discipliner et à acquérir des qualités telles que la compassion, la loyauté, la générosité, l’humilité, le courage et le sacrifice pour le bien commun, qui sont de nature à favoriser l’ordre social et le progrès culturel.

La raison et la foi sont des facultés complémentaires de la nature humaine qui cherchent à découvrir et à comprendre la réalité ; elles permettent à la société d’appréhender la vérité. Cette perspective est renforcée par des découvertes scientifiques récentes qui montrent qu’il existerait une convergence épistémologique avec les différentes visions du monde.

La science et la religion proposent aux individus, aux communautés et aux institutions des principes fondamentaux qui leur permettent d’agir et d’évoluer. Le raisonnement scientifique permet aux individus d’être plus objectifs et plus méthodiques dans la résolution des problèmes et la compréhension des phénomènes sociaux, alors que l’inclination des individus à la spiritualité leur procure l’élan nécessaire pour entreprendre et soutenir des actions positives.

On reconnaît de plus en plus que le but essentiel du développement est de renforcer les capacités de l’homme - essentiellement par la production, l’application et la diffusion du savoir - et de promouvoir sa transformation, ainsi que celle de la communauté et des institutions. S’il est admis que le savoir est d’essence à la fois spirituelle et matérielle, science et religion peuvent être des instruments agissant en synergie efficace au service de la construction de modes de vie harmonieux et équitables. En plaçant la production du savoir et son application au centre des projets de développement, on peut déterminer l’apport concret des valeurs religieuses et en particulier le rôle qu’elles jouent dans l’adoption d’une approche fédératrice de changement de la société au niveau local.

Il est généralement admis que les plus démunis doivent participer directement à l’amélioration de leur bien-être matériel. Cette participation doit être concrète et créatrice, elle doit leur permettre d’accéder au savoir et les encourager à l’appliquer. Ils doivent se consacrer à utiliser le savoir pour créer du bien-être et, partant, produire plus de savoir et contribuer d’une manière sensible et significative au progrès humain. Si une communauté contrôle les moyens du savoir et qu’elle est guidée par des principes spirituels, elle pourra exploiter les ressources matérielles et les technologies qui répondent à ses vrais besoins.

Toute réflexion sur les rôles de la science et de la religion pourrait commencer par l’examen des questions qui ont déjà été reconnues comme essentielles pour la promotion du développement, mais en adoptant un point de vue plus global.

L’éducation, par exemple, devrait s’efforcer de développer un ensemble de capacités - techniques, artistiques, sociales, morales et spirituelles - grâce auxquelles les individus pourraient donner un sens à leur vie et être capables de transformer la société de façon positive. Les accords économiques devraient répondre aux besoins de la société ; les sociétés ne devraient pas être obligées de se conformer à des modèles économiques spécifiques - en particulier les modèles fondés sur l’acquisition et la consommation à tout prix. Les choix technologiques devraient s’appuyer sur les systèmes de valeur en vigueur au niveau local pour éviter toute utilisation superflue de la technologie. Enfin, des institutions de gouvernance éclairées - non corrompues et capables de remporter la confiance du public - ne verront le jour que lorsque la prise de décision et l’action collective s’appuieront sur des principes spirituels.

A ce moment de l’histoire, l’activité de développement doit être une entreprise globale dont l’objectif est de favoriser le bien-être de tous les habitants de la planète. Reconnaître que cette humanité n’est qu’un seul peuple qui a une destinée commune, c’est comprendre que le développement n’est plus quelque chose que l’on fait pour les autres.

Tous les membres de la famille humaine doivent participer à la construction d’une société juste et pacifique.

Pour que les capacités des peuples du monde atteignent les niveaux exigés par la complexité du moment, il faudra également exploiter les ressources de la foi et de la raison car il convient d’avoir une vision, ce qui nécessite que l’on s’intéresse à l’héritage spirituel de la race humaine.



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