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Revue n° 30, 1997

La rétrospective sur Mark Tobey, a ouvert ses portes en novembre 1997 dans le prestigieux Museo Nacional Centro De Arte Reina Sofia

MADRID — Une exposition rétrospective internationale sur les œuvres du peintre Mark Tobey a ouvert ses portes en novembre dernier dans le prestigieux Museo Nacional Centro De Arte Reina Sofia.

L’exposition, qui présentait 130 œuvres de plus de 50 collections séparées, était la première rétrospective depuis plus de 20 ans, explique le co-conservateur Matthias Bärmann. L’exposition s’est tenue du 11 novembre 1997 au 12 janvier 1998.

« Mark Tobey est l’un des artistes les plus importants de ce siècle, » dit M. Bärmann, conservateur indépendant et spécialiste de Tobey. « Il est l’un des premiers artistes à avoir pratiqué la “ all-over abstraction ” en peinture et il a ouvert la voie à l’expressionnisme abstrait, notamment à des artistes comme Jackson Pollock. »

Tobey, qui est né dans le Wisconsin en 1890 et mort en Suisse en 1976, était reconnu comme un citoyen du monde. Il a beaucoup voyagé tout au long de sa vie et son style a été influencé par toute une variété de styles traditionnels. Il était aussi membre de la communauté bahá’íe qui, à l’évidence, a influencé ses œuvres ajoute encore M. Bärmann.

« Il s’est inspiré de plusieurs cultures, depuis l’art amérindien jusqu’à celui de l’Asie de l’est. Et, à cause de sa croyance, il s’est aussi inspiré de l’art du Moyen-Orient. Cependant, il a trouvé un moyen d’expression très moderne. »

« Je cherchais à créer un tableau qui donnerait envie d’aller au-delà de la simple observation. (...) On le sait, les Chinois ont toujours évoqué ce sentiment que provoque un tableau, et moi, durant de longues années, j’ai souhaité quelque chose qui s’en approcherait lentement. Quelque chose doit se créer entre l’homme et l’œuvre d’art. On la fixe : elle peut sembler fade en raison de son absence de couleur, mais au bout d’un moment les couleurs apparaissent. » disait le peintre.

Mark Tobey est considéré comme l’un des pionniers de la peinture abstraite américaine et a été, tout comme Jackson Pollock, l’artiste américain qui a le plus influencé les générations suivantes. Il a notamment joué un rôle crucial lorsqu’il a créé un style calligraphique non figuratif.

Alvaro Delgado-Gal, dans le magazine « ABC de las artes » du 14 novembre 1997, explique que la technique « all-over » , découverte par Marc Tobey « constitue une négation radicale des fictions et des techniques subtiles sur laquelle se base l’interprétation des apparences. Dans les peintures de Tobey, le spectateur n’a pas l’occasion de se laisser emporter par une perspective et de réinventer ainsi les signes picturaux. C’est plutôt la matière plastique qui s’impose avec une irresistible evidence. »

Selon Mark Tobey : « L’art abstrait n’existe pas. On part toujours de quelque chose. Ensuite, on peut effacer les traces de la réalité. Dans tous les cas, il n’y a plus de danger : l’idée de l’objet a déjà laissé une marque indélébile. C’est ce qui motive l’artiste, l’inspire et agite ses émotions. Que cela lui plaise ou non, l’homme est un instrument de la nature. Je n’ai pas copié la lumière des falaises de Dieppe où je n’y ai pas prêté une attention particulière. Je me suis simplement imprégné d’elle. »

« La toile, saturée de peinture, n’offre ni fond, ni premier plan, ni point focal qui hiérarchise la composition » , continue Alvaro Delgado-Gal, « de sorte qu’au bout du compte, nous nous trouvons devant une surface impénétrable pour l’imagination réaliste. Une surface qui est tout simplement épaisse, colorée ou craquelée. Que l’on approuve ou non le point de vue ou le mérite de ce mode de conception de la peinture, on ne peut cependant mettre en doute que certains de ses adeptes ont été habiles ou intenses, et d’autres routiniers. Mark Tobey a été l’un des plus talentueux, ce que confirme l’exposition proposée par le Centre artistique de la Reine Sofia. »

Tout au long de sa carrière artistique, Tobey a fait preuve d’une créativité illimitée, d’un goût pour l’expérimentation et d’un talent d’innovation.

Dès 1935, avec ses innovations artistiques transcendantales, et à partir de « l’écriture blanche » , l’œuvre de Mark Tobey a obtenu une reconnaissance nationale et internationale. Cette reconnaissance a culminé lors des rétrospectives au Musée des Arts Décoratifs à Paris en 1961, au Museum of Modern Art de New York et à la National Gallery of Art à Washington en 1974, sans oublier la XXIXe édition de la biennale de Venise en 1958 où Tobey reçut le premier prix de peinture.

Un autre aspect qui a eu un profond impact, aussi bien sur la vie de Tobey que sur son œuvre fut son « entre mondes » . Sa façon d’alterner la peinture, la poésie, la danse, la musique et la religion, de participer au visage cosmopolite de la vie par le biais de différentes sphères comme la foi bahá’íe, les arts et la philosophie de l’Extrême Orient ou la culture des Indiens d’Amérique, se reflète dans ses peintures et fait apparaître un spectre thématique majeur : nature et civilisation, ville, ciel et cosmos, lumière, temps, chemin et mouvement, rythme et musique, espace « champ » , contemplation, totalité, etc.

Il s’agit d’une œuvre qui va au-delà de la rupture de la frontière entre l’abstrait et le figuratif.

Mark Tobey a été inspiré durant la plupart de sa vie productive artistique par la dynamique d’une nouvelle impulsion religieuse. Bien qu’il peignait avant de devenir bahá’í en 1918, son art est relié à sa croyance soutenant sa pensée et qui pouvait être réduite à 3 concepts : l’unité, la révélation progressive et l’humanité.

Tobey avait une forte et mémorable personnalité, et était entouré d’innombrables amis dévoués. Il aimait profondément les êtres de toutes conditions sociales. Sa conversation sur une variété de sujets était brillante. Son pouvoir d’observation était pointu et il voyait la beauté et saisissait des significations dans la plupart des objets et des scènes de la vie courante.

« On peut tout expliquer si l’on prend la peine de regarder » disait Tobey. « De même que la musique a besoin d’une oreille nouvelle, la peinture a besoin d’un œil neuf » affirme-t-il. « Je ne peux enseigner à tout le monde l’art de la peinture, mais je peux les aider à voir ce que j’ai vu. Le style “ écriture ” n’est pas une abstraction. Au sein de l’ensemble, chaque ligne a une intention et une signification importante. J’insiste sur le fait que c’est l’ensemble qui est important. La peinture contemporaine est un concept entier dans lequel aucune partie seule n’a de sens sans les autres. »

Sa créativité s’étendait aux autres arts. Il écrivait de nombreuses poésies, jouait du piano et d’autres instruments et composait de la musique.

Selon Kosm de Branano, commissaire chargé de l’exposition, « Mark Tobey a été l’un des rares artistes au XXe siècle réellement cosmopolite et donc avant-gardiste. » Sa longue vie productive était une quête sans fin de trouver et de comprendre le moi-intérieur et de réconcilier le spirituel au matériel.

« La terre est ronde depuis quelques temps déjà, et pourtant cette rondeur n’a pas rapproché les hommes les uns des autres et elle n’aura pas non plus fait comprendre à chacun l’art de l’autre. Comme d’habitude nous nous sommes trop occupés des apparences, de l’objectif à atteindre au détriment du monde intérieur où se trouve la véritable “rondeur” » disait Tobey.

Selon M. Bärmann, l’exposition a couvert une cinquantaine d’années, allant de 1924 à 1975. Elle a réunit les premières œuvres de Tobey réalisées dans les années vingt et trente - style « écriture blanche » - jusqu’à ses dernières œuvres. Cette selection minutieuse comprenait des dessins, des aquarelles, des tempera ainsi que des tableaux aux techniques mixtes, des œuvres à l’encre Sumi et des peintures à l’huile. Elle provenait de 56 collections : musées, galeries et collections privées des États-Unis, d’Allemagne, de Suisse, de France et d’Espagne.

Le Museo Nacional Centro De Arte Reina Sofia est l’un des plus prestigieux musées d’art moderne du monde au même titre que le Museum of Modern Art, le Metropolitan Museum of Art, situés à New York, ou le Centre Georges Pompidou de Paris et le Kunsthaus de Zurich.



BIOGRAPHIE DE MARC TOBEY


1890 Naissance, le 11 novembre à Centreville, Wisconsin (Etats-Unis).
1911 S’installe à New York où il gagne sa vie en tant qu’illustrateur et portraitiste.
1918 Epouse la foi bahá’íe.
1923 Déménage à Seattle, état de Washington, où il s’initie à la gouache et à la calligraphie orientale.
1929 Professeur à Dartington Hall, Royaume Uni.
1934 Voyage au Japon où il vit dans un monastère Zen près de Kyoto.
1935 Crée « l’écriture blanche ».
1958 Remporte le premier prix de peinture de la biennale de Venise.
1961 Rétrospective au Musée d’Art Moderne à Paris.
1972 John Cage écrit ses 25 Mesostics Re and Not Re Mark Tobey.
1976 Décède à Bâle, Suisse le 24 avril.



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