Revue n° 2, 1989
Le plus récent des temples de l’Inde rencontre un accueil particulièrement enthousiaste
NEW DELHI — Des architectes ont exalté sa beauté. Des ingénieurs se sont émerveillés de l’association dans sa construction, de hautes technologies et de techniques artisanales. Des critiques lui ont décerné quelques-uns des prix les plus prestigieux du monde de l’architecture.
Inauguré en décembre 1986, le temple, également appelé la Maison d’Adoration bahá’íe, de la capitale fédérale indienne exprime, par le béton et le marbre, la croyance bahá’íe en l’unité essentielle de toutes les grandes religions du monde. Ses services religieux comportent la lecture d’extraits de la Bhagavad Gita, du Coran, de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des écrits bahá’ís parmi d’autres textes sacrés.
La conception de cet édifice religieux a trouvé un écho exceptionnel auprès de la population indienne. Les foules qui continuent à le visiter permettent de le comparer à un lieu saint de pèlerinage.
L’an dernier, plus de 2 200 000 personnes ont visité ce lieu de prière qui est ainsi devenu l’un des sites les plus visités du monde. A titre de comparaison, le célèbre Tâj Mahal a reçu, en 1988, 1 900 000 visiteurs.
« Il est facile d’ériger un bel édifice », a déclaré l’architecte Fariburz Sahba qui a conçu ce temple de marbre blanc et de béton, « mais le défi consiste à construire un bâtiment qui soit accepté comme sacré et qui incite les visiteurs à venir y prier. Et, à présent, nous voyons qu’effectivement ils viennent y prier ».
Achevé après 10 années de travaux pour un coût de 10 millions de dollars, le temple en forme de fleur de lotus a été consacré comme un triomphe à la fois dans le domaine de l’architecture et de la spiritualité.
• En 1987, le temple bahá’í a remporté un prix international de grand prestige décerné aux édifices religieux sous les auspices de l’Institut des architectes américains. La même année, la Société britannique des ingénieurs en génie civil lui a décerné un prix spécial pour sa conception et sa réalisation. Et, en 1988, il a encore fait l’objet d’une citation spéciale de la part de la Société des ingénieurs de l’éclairage pour la haute qualité de son illumination extérieure.
• Plus de 300 revues d’architecture et d’ingénierie à travers le monde ont publié des articles sur cet édifice; parmi ces revues, citons “Architecture”, “Progressive Architecture” et “Builder”. Enfin, de nombreux commentateurs, l’ont comparé au Tâj Mahal ou à l’Opéra de Sydney.
• Outre le public proprement dit, l’afflux constant de visiteurs comprend notamment de hautes personnalités venant de toutes les régions du monde. Ces derniers mois, par exemple, le site a été visité par le Dalaï Lama, par M. Vsevolod Sitnin, Ministre adjoint des Finances de l’Union soviétique, et par M. John Galbraith, célèbre économiste et écrivain américain.
« Lorsque nous préparons des visites de personnages importants, je leur recommande d’aller visiter ce lieu – un lieu d’humanité et de paix », a déclaré M. R. Sachdeva, directeur du protocole au Ministère indien de la Défense. « Ainsi, nous l’incluons généralement dans leur itinéraire car, lorsqu’ils en reviennent, leur impression est favorable. »
Un symbole d’espérance
Edifié grâce aux contributions des diverses communautés bahá’íes à travers le monde, le temple bahá’í de l’Inde est un symbole d’espérance dans la paix. Sa conception originale est modelée sur la fleur de lotus, révérée comme un symbole de vie, de beauté et de renaissance par les principales religions de l’Inde. Le thème de la fleur de lotus est figuré par 27 “pétales” de béton et de marbre, élevés autour d’un point central. Ses pétales en béton sont disposés en groupes de trois pour donner à l’édifice neuf côtés distincts.
Chaque côté présente une porte et ceci est également symbolique - les neuf portes faisant face à toutes les directions sont ouvertes aux disciples de toutes les religions, proclamant ainsi que chacune d’entre elles constituent une voie vers un seul Dieu.
« Il y a des visiteurs qui ne sont pas bahá’ís et qui, pourtant, sentent que le temple est leur propre lieu saint » a déclaré Mme Zena Sorabjee, administratrice de ces lieux. « Les Indiens l’appellent “mandir”, qui est le mot hindi pour temple. Au moment où ils y pénètrent, les visiteurs sentent qu’il y règne une atmosphère sanctifiée, empreinte de paix et de sérénité. Ils y viennent avec respect. »
Chaque jour, des foules défilent pour la visite, pour des prières, ou encore pour admirer l’édifice. Le nombre de visiteurs est en moyenne, de 6 000 par jour. Certains jours fériés, il peut excéder 50 000.
« Nous recevons désormais des personnes qui reviennent tous les jours, régulièrement », dit Mme Sorabjee. « Certaines viennent le matin avant de se rendre à leur travail, et de nombreuses femmes viennent durant la journée, pour méditer et prier. »
M. Sachdeva, qui n’est pas bahá’í, a ajouté : « Les visiteurs apprécient le temple parce que l’Inde devient un Etat séculier, et ils pensent que c’est un lieu où l’on peut apprendre que nous devrions tous croire en l’humanité et renoncer à la violence, ainsi qu’à tout ce qui porte préjudice au genre humain. »
Pour les 1 300 000 bahá’ís de l’Inde, ce large consensus touchant le temple érigé sur leur territoire leur inspire une fierté justifiée.
De son côté, l’architecte Fariburz Sahba a déclaré : « En Inde, chacun respecte la fleur de lotus, toutes les religions l’acceptent comme symbole de la beauté, de la pureté; une représentation symbolique du divin. Ainsi, ce lieu de prière a réellement cristallisé le concept de la Foi bahá’íe selon lequel il existe une grande universalité commune à toutes les religions. »
Quelques appréciations sur le temple bahá’í de New–Delhi :
• « Le temple bahá’í, dont la construction est en voie d’achèvement, à New Delhi sera probablement reconnu, dans les années à venir, comme l’un des chefs-d’oeuvre architecturaux du 20e siècle... Non sans raison, l’éminent ingénieur allemand Dr. Fritz Leonhardt a qualifié le temple bahá’í de Tâj Mahal du 20e siècle.” — Extrait de “Construction News” du 10 avril 1986 P.16.
• « La haute qualité de cet édifice illustre le soin exceptionnel apporté à l’excellence du projet, à la conception du site, à l’expression de la forme et des matériaux, ainsi qu’à l’ameublement. Ce lieu d’adoration est un extraordinaire amalgame de design, de construction et de symbolisme, tant pour la Foi bahá’íe que pour le sous-continent indien. ». — Déclaration des juges qui, en 1987, décernèrent au temple le prix du Forum interconfessionnel sur la religion, l’art et l’architecture (IFRAA), prix attribué, pour la construction d’un édifice religieux. L’IFRAA est affilié à l’Institut américain des architectes.
• « Le temple bahá’í de New Delhi est sans doute l’un des édifices les plus spéciaux et les plus originaux qui aient été construits dans le monde d’aujourd’hui... Lorsque ont été achevés les travaux, non seulement un lieu très important destiné aux réunions et méditations religieuses devenait disponible, mais un exemple d’excellence en matière de design et de construction avait été concrètement réalisé. » — “L’Industria Italiana Cemento” de Janvier 1988 P.23.
• « L’une des plus remarquables réalisations de notre temps, prouvant que l’enthousiasme et la vision spirituelle peuvent faire des miracles. » — Déclaration d’Arthur Erickson, architecte, en mars 1987.
• « De tout temps, l’on a réalisé de magnifiques édifices, comme le prouvent amplement le Panthéon de Rome et le temple du Lotus de New Delhi – deux constructions que séparent 20 siècles dans le temps. L’on s’émerveille, en vérité, de la manière dont les Romains ont su, en l’an 27 avant Jésus-Christ, édifier une superbe structure, bien avant que les outils théoriques nécessaires à sa conception aient été disponibles ... il est à espérer que les générations futures contempleront le temple du Lotus de New Delhi avec la même admiration et le même respect, se félicitant qu’en notre ère technologique, le sens de la beauté et de l’harmonie n’ait pas été entièrement perdue. » — Dr. René Walter, Professeur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, septembre 1987.
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