Revue n° 4, 1990
Un jour de la vie d’une femme
Extrait d’une pièce à un seul personnage, décrivant la vie d’une femme africaine. Auteurs : Sharon Billings, Ruth Bamela Engo et James Noss. Première représentation avec l’actrice Christine Campbell le 14 mai 1987 aux Nations Unies à « Programmes pour la sécurité alimentaire en Afrique – réduire le fardeau des femmes ». « Ah, est-il vraiment l’heure de me lever ? J’ai l’impression que je viens seulement de m’étendre. Mais il faut que je me lève, j’ai tellement à faire avant que le soleil apparaisse. J’espère qu’il y a de l’eau qui reste d’hier soir pour faire ma toilette.
Ah oui, il en reste, mais je n’ai pas le temps de m’en servir et puis elle est si froide. Attention maintenant, je dois en laisser pour mon mari et mes enfants pour leur toilette. Si mes enfants vont en classe sans s’être lavés, l’on dira que je ne sais pas m’occuper de ma famille. Allons maintenant, vite, je dois allumer le feu car il apporte la chaleur, et la lumière montre qu’il y a de la vie ici.
Pendant que l’eau chauffe sur le feu pour mon mari, je balaierai la cuisine et le porche et m’occuperai des poules et des chèvres. Voici des oeufs. Je peux les vendre au marché aujourd’hui. (Pause). Réveillez-vous les enfants, réveillez-vous, le soleil se lève déjà. Amenez le bébé ici, il a faim et, s’il pleure, cela dérangera votre père. Allons, aidez-moi à rassembler les gourdes et les seaux. Mettez la vaisselle sale dans ce panier, nous irons la laver dans la rivière.
« Fanta, ma fille, j’ai chauffé quelque chose à manger pour toi et pour ton frère. N’oublie pas de manger et de faire ta toilette avant d’aller en classe. Et fais bien attention à ce que te dira le professeur, car il est très important que tu étudies. Venez les petits, allons jusqu’à la rivière. (Pause). Si ma fille n’était pas à l’école, elle pourrait m’aider à porter les fardeaux, mais je suis prête à faire des sacrifices pour son éducation. Je me suis opposée à mon mari et à sa famille qui disaient que ce n’était pas nécessaire qu’elle aille à l’école. Moi je crois que c’est indispensable, je veux qu’elle étudie et qu’elle vive mieux que je ne vis ... »
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