Revue n° 3, 1990
A la rencontre de cinq millions de Bahá’ís
Les Jardiniers de Dieu
Par Colette Gouvion et Philippe Jouvion
Co-édition Tacor et Berg International
Paris, 1989
Imaginez que vous êtes écrivain, journaliste. Votre métier vous oblige à vous tenir au courant de tout ce qui se passe dans le monde ... Brusquement, un jour comme les autres, vous découvrez que ce drame mystique qu’on croit enfoui dans la nuit des temps : la naissance d’une religion, se passe là, sous vos yeux, en plein vingtième siècle ...
A une époque qui se considère comme religieuse, peut-on concevoir qu’il soit possible d’assister, presque « en direct » à l’aventure rare que représente les début d’une nouvelle religion ?
C’est l’aventure vécue par les auteurs, deux journalistes français. Après avoir écrit des ouvrages sur divers sujets, ils ont, découvrant les bahá’ís, entrepris un voyage. Partant directement à la source, ils ont visité le Centre mondial à Haïfa, en Terre sainte. Les jardins les ont profondément marqués, d’où le titre du livre : Les Jardiniers de Dieu. Au cours de leur périple, ils vont rencontrer un grand nombre de bahá’ís. A tous, ils posent les questions qui les concernent et les touchent. Ils expriment leurs étonnements, leurs craintes, leurs joies et leurs plaisirs aussi. Peu à peu se dessine une vision de la communauté bahá’íe et de ses idéaux sur lesquels les auteurs ne portent aucun jugement, laissant toute liberté aux lecteurs de continuer ou non leur propre recherche.
Dès ses débuts, la Foi bahá’íe s’est présentée comme une nouvelle effusion de l’Esprit dans le monde, une nouvelle Théophanie. Son fondateur, Bahá’u’lláh, se présente comme accomplissant les promesses eschatologiques de toutes les Révélations du passé.
Née dans la Perse du XIXème siècle, la communauté bahá’íe va se répandre malgré, ou à cause, des nombreuses persécutions qu’elle subira de la part des autorités civiles et religieuses iraniennes. Elle est aujourd’hui présente dans le monde entier. La Communauté internationale bahá’íe représente les bahá’ís auprès des Nations Unies.
C’est à la découverte de la « seule religion qui mérite l’adjectif de moderne » que nous invitent les auteurs. Ils vont rencontrer de nombreux bahá’ís en France et ailleurs, posant des questions souvent personnelles et dégageant ainsi, peu à peu, une image du monde bahá’í d’aujourd’hui, ainsi que de son histoire et de ses croyances.
Le voyage en Israël, Terre sainte de quatre monothéismes, permet de faire connaissance avec les principes et les enseignements de la Foi bahá’íe. Un survol rapide de l’histoire de ses origines nous plonge ensuite au coeur du XIXe siècle et précise les liens de cette religion avec celles qui la précèdent. Des interviews permettent de comprendre pourquoi on devient bahá’í et surprennent par la variété des expériences qui y conduisent. Puis les auteurs nous entraînent dans le domaine de la vie quotidienne : comment peut-on être bahá’í aujourd’hui ? Le chapitre intitulé « Le rôle des femmes » expose le rôle important joué par les femmes dans l’expansion de cette religion, la première qui confère à la femme une égalité des droits avec l’homme. Des représentants autorisés des communautés juives, catholiques et musulmanes donnent ensuite leurs opinions sur la Foi bahá’íe ; s’y ajoute une interview d’Ervin Laszlo, philosophe célèbre et membre du Club de Rome. La conclusion de l’ouvrage se trouvera dans les réponses bahá’íes aux questions des auteurs : Quel avenir pour l’humanité ? Quelles solutions aux problèmes du monde ?
Ni thèse sociologique, ni livre religieux, ni pamphlet partial, ni manchette sensationnelle, les auteurs ont réussi la gageure de parler d’une religion encore peu connue du grand public en évitant les pièges que ce sujet tend à ceux qui s’ y lancent. Ce livre est une enquête sérieuse mais très vivante sur un sujet qu’ils découvrent et le lecteur, probablement aussi novice qu’eux au début, suit leurs découvertes avec un intérêt qui ne faiblit pas.
Une bibliographie sommaire termine l’ouvrage.
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