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Revue n° 49-50, 2004

En Russie, des enseignants adhérent à de nouveaux principes d’éducation morale

Maria Skrebtsova et Alesia Lopatina ont mis au point une série de manuels scolaires pour l’enseignement primaire qui s’inspirent des principes bahá’ís et répondent à un besoin critique dans les anciennes républiques soviétiques.

PENZA, Fédération de Russie — En dollars américains, les livres ne coûtent pas très cher : environ 2 dollars chacun. Mais, pour le salaire d’un enseignant russe aujourd’hui, c’est une somme considérable et l’achat de ces livres exige des sacrifices.

« J’ai dû choisir entre l’achat de vêtements et ces livres », dit Irina Melnikova, 35 ans, institutrice à l’école publique n° 48 dans cette ville industrielle moyenne, située sur les bords de la Sura. « Mais, j’ai considéré qu’afin de progresser en tant qu’enseignante, ces livres m’étaient particulièrement nécessaires. »

Irina Melnikova n’est pas la seule dans ce cas. Depuis la publication, en 1996, du premier manuel intitulé ‘The World of Love and Unity’ (Le monde de l’amour et de l’unité), suivi par d’autres ouvrages, Maria Skrebtsova et Alesia Lopatina en ont vendu plus de 120 000 exemplaires, tant en Russie que dans d’autres Etats membres de la Communauté des Etats Indépendants (CEI).

Ce sont surtout les instituteurs qui achètent ces manuels, qui traitent notamment des valeurs morales universelles. Ils les paient presque toujours de leur poche.

Les enseignants et responsables de l’éducation qui ont commencé à se servir de ces manuels disent qu’il n’existe aucun ouvrage comparable en Russie. « La société russe en a le plus grand besoin », dit Tamara Tkatchova, directrice de l’établissement public Ozarenie (Ecole de réflexions) de Kazan (Russie), qui compte environ 250 élèves. « Ces livres ne ressemblent à aucun autre manuel du genre. »

Grâce à l’aide de ses parents, Tamara Tkatchova a acheté une série complète de livres pour chacune de ses classes, à partir desquels elle a conçu une bonne partie du programme scolaire et mis au point un ensemble de leçons sur la « pensée positive » par lesquelles elle commence chaque cours.

« Je veux que mes enfants apprennent la compassion, la charité et la sagesse et ces livres nous aident à inculquer ces qualités aux enfants », dit-elle.

Pour Maria Skrebstova et Alesia Lopatina, le secret du succès de ces livres tient à ce qu’ils présentent des principes moraux et spirituels universels empruntés à la sagesse des cultures et des grandes religions.

« Nous sommes parties du principe que l’idée du ‘bien’ nous a été donnée par les prophètes des grandes religions et par notre patrimoine commun », dit Maria Skrebstova, 36 ans, ancien professeur de français et aujourd’hui écrivain à plein temps.

Bien que ces manuels n’ont eux-mêmes aucune connotation religieuse particulière, ils s’inspirent des principes spirituels de la foi bahá’íe.

Ces principes, disent les jeunes femmes qui sont toutes deux bahá’íes, proposent d’orienter l’éducation dans une nouvelle direction, c’est-à-dire de ne plus considérer l’enfant comme une coquille vide qu’il faut remplir de connaissances et d’informations, mais plutôt comme un être unique doué d’un sens inné du bien et du mal, qui doit s’acquérir et se développer tout au long de son apprentissage.

« Les écrits bahá’ís parlent de l’être humain comme ‘d’une mine riche en gemmes d’une valeur inestimable’, laquelle ne peut se révéler que par l’éducation », dit Alesia Lopatina, 53 ans, ancienne institutrice d’école maternelle également diplômée en mathématiques, physique et psychologie. « Nos livres veulent ‘ouvrir l’âme’ de l’enfant, pour en extraire les gemmes qu’elle recèle. »

L’idée plaît aux nombreux éducateurs qui ont découvert les livres. Ils pensent que le système éducatif en Russie manque actuellement de lignes directrices dans le domaine des valeurs et que l’approche proposée par Maria Skrebstova et Alesia Lopatina répond à ce manque.

« L’idéologie régnait en maître sous le régime communiste », dit Larissa Roguleva, 35 ans, autre institutrice d’école maternelle à Penza. « Il y avait le parti, les jeunes pionniers, la jeunesse communiste (Komsomol), tous les rituels de l’Etat. Et dans tous ces mouvements, les héros de la guerre et leurs sacrifices faisaient figure d’exemple. Tout cela, c’est du passé mais il n’y a rien d’autre. Pour moi, ces livres sont les premiers à combler ce vide. »

Selon Irina Melnikova, l’enseignante de Penza qui a préféré acheter les livres plutôt que des vêtements, le comportement des élèves en classe s’est nettement amélioré depuis qu’elle les utilise. Cette transformation lui a également été confirmée par les parents.

« Les parents m’ont dit que leurs enfants suivaient à présent davantage leurs conseils et que leur comportement n’était plus seulement dicté par le devoir d’obéissance mais par une réflexion personnelle sur le bien. »

La méthode utilisée est la suivante : chaque livre est divisé en séries de leçons. Chaque leçon commence par une préface à l’enseignant lui indiquant un objectif à suivre. Viennent ensuite une fable ou une légende, lues à la classe ou par la classe, suivies d’un débat. Enfin, le cours s’appuie sur toutes sortes d’activités créatrices : jeux, activités artistiques, petit devoir écrit, etc.

En Russie aujourd’hui, où les ressources sont limitées et ne permettent pas de consacrer beaucoup d’argent à l’achat de nouveaux matériels pédagogiques, les livres de Maria Skrebtsova et Alesia Lopatina apparaissent comme des instruments hautement novateurs et attractifs.

« Ces livres sont très pratiques », dit Galina Gerasimova, enseignante de maternelle et de CP à l’école publique n° 7 à Orsah en Belarus. « Je savais tout ce que je devais enseigner aux enfants, mais je manquais de moyens. J’étais comme un musicien qui sait jouer d’un instrument mais n’a pas de partition. »

Garina Gerasimova a commencé à se servir des livres, il y a trois ans, et ils l’ont tellement fascinée qu’elle en a acheté près de 100 exemplaires et les a donnés à presque tous ses collègues et amis. « Chaque fois qu’il y a une fête, j’offre un livre à un ami. Je trouve qu’il n’y a pas de plus beau cadeau. »

L’une des caractéristiques de ces livres est l’usage de mythes et de légendes, couramment appelés « contes de fée ». Les auteurs se servent des contes populaires et en ont également composé elles-mêmes.

« Autrefois les contes de fée étaient très appréciés en Russie et les russes les aiment toujours beaucoup car la sagesse a été transmise de génération en génération à travers de tels contes », dit Alexandar Tkatchov, enseignant à l’école Ozarenie de Kazan, où l’on utilise amplement les livres.

« Nous sommes convaincues qu’il est impossible d’éduquer véritablement les enfants si le processus n’est pas fondé sur des valeurs », dit Alesia Lopatina, qui ajoute qu’inculquer uniquement des « connaissances » est un exercice stérile de mémorisation tant que les élèves n’en voient pas le réel objectif.

Ainsi, Maria Skrebtsova et Alesia Lopatina recueillent des légendes et des contes qui parlent des conquêtes spirituelles de l’humanité. L’objectif est d’ « éveiller l’esprit et le cœur de l’élève, pour lui donner la soif d’apprendre ».

C’est une méthode qui marche, disent les enseignants. « Quand j’ai commencé à enseigner, je pensais que le plus important était de dispenser une information, un savoir pur », dit Alla Markova, 33 ans, directrice adjointe à l’école publique n° 151 de Penza. « Au bout d’un certain temps, j’ai compris que les questions morales et le développement du caractère étaient très importants. Une personne possédant un bon sens logique et de très bons diplômes, mais dénuée de tout sens moral, peut être très dangereuse. Or, si vous suivez la méthode proposée dans ces livres, vous pouvez obtenir de très bons résultats. »

Désireuses de promouvoir leur méthode, Maria Skrebsova et Alesia Lopatina ont fondé le Centre d’éducation morale et de développement créatif de la personnalité basé à Moscou où elles habitent.

Le centre qu’elles dirigent fait également office de maison d’édition et d’agence de promotion pour les ouvrages. A cette fin, elles ont, durant ces neuf dernières années, sillonné toute la Russie ainsi que les pays membres de la CEI. Elles y ont organisé des ateliers et donné des conférences axées sur les principes énoncés dans leurs livres.

A ce jour, elles ont publié 14 livres. Il s’agit non seulement de leçons découpées principe par principe, mais surtout de livres qui présentent aussi des éléments de biologie et de philologie. ‘Tales of Words and Letters’ (Fables des mots et des lettres), par exemple, comprend plus de 100 histoires, jeux et activités sur les lettres et les mots.

Elles préparent actuellement un livre qui présentera les principes mathématiques modernes suivant la même méthodologie.

La présentation des principes moraux reste cependant le point fort de leur approche. « Nos histoires sur les lettres et les mots, par exemple, aident les enfants à apprendre non seulement à lire et à écrire rapidement mais aussi à être gentils et aimables », dit Alesia Lopatina. Ils apprennent également ce que signifie l’égalité des hommes et des femmes, la notion de service, et le concept de citoyenneté du monde. En 1998, l’association russe des éditeurs a décerné un diplôme d’honneur à ces livres désignés « Meilleurs livres de l’année ».

« Ces livres sont une mine de sagesse, de paraboles et de légendes qui concentrent toute la sagesse du
monde », dit Elena Morozova, 26 ans, institutrice à l’école publique n° 38 de St Petersbourg. « Ils préparent les enfants à leur avenir et contribuent à leur donner des moyens pour faire face aux problèmes de la vie. »



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